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C’est encore loin le Kamtchatka ?

Après trois mois passés en Mongolie, une révision complète de la voiture et tous les visas en poche, nous sommes fin prêt pour rallier le Kamtchatka. Première étape pour l’atteindre, un trajet de quatre mille kilomètres jusqu’au port de Vladivostok, terminus du transsibérien.

La route qui y mène est tout simplement parfaite, ce pourrait être une simple formalité. Et pourtant ! Après avoir cassé l’alternateur, puis la pompe à injection, nous réalisons le tour de force d’atteindre malgré tout Vladivostok. Question de nous porter le coup de grâce, une durit de frein lâche devant un passage piéton. Petit coup de chaud mais sans conséquences. Cette histoire commence à me rappeler le film « Le Corniaud ». Pourquoi pas le volant qui nous reste dans les mains non plus ? Mais quand bien même il faudrait porter la voiture sur nos épaules que nous n’en démordrons pas, nous irons au Kamtchatka. Les réparations qui s’imposent et le coût du bateau nous laissent fauchés comme les blés, mais heureux. Parce que ça y est, nous sommes sur notre porte-container à destination de Petropavlosk. Une pointe d’émotion nous saisit. Nous n’avons jamais été aussi près d’atteindre notre but. Même s’il faut l’avouer, peu importe le lieu où l’on va finalement. L’important c’est le chemin qui y mène. (…lire aussi « les rencontres »)

 

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La traversée ne doit durer que cinq jours. Le bateau comporte cabines avec douches individuelles, sauna, et salle de ping-pong. La grande classe quoi ! Sauf qu’il faut vite oublier de jouer au ping-pong avec les oscillations du bateau. Nos estomacs déclarant fermement qu’il n’est pas possible de rester plus de trente minutes en position verticale. L’amarinage est d’autant plus difficile que la mer est de plus en plus agitée. Et en effet au bout de deux jours, le capitaine décide de mettre le bateau à l’abri d’une baie au Sud des Îles Sakhalines. Un des typhons les plus forts de la décennie frappe actuellement toute la région. Les vagues atteignent des creux de plus de dix mètres et il ne serait pas prudent de poursuivre la route. De là à se demander s’il n’y aurait pas pour nous une malédiction sur le Kamtchatka, il n’y a qu’un pas. En attendant, que faire sur un bateau ? Les marins pêchent poissons et calamars en surveillant les bulletins météos. Nous travaillons nos articles pour Action 4×4 en nous empiffrant toute la journée. L’ordinaire du bord est en effet composé de cinq repas par jour. Et il faut dire que l’on nous soigne tout particulièrement, même si parfois le corps tend à se révolter face à ce traitement. « Comment ça tu comptes manger dix mille calories dans la journée alors que tu me secoue ainsi ? Tu vas bien voir ! » Disent nos estomacs. Les marins se marrent en nous voyant un peu pâles devant nos assiettes. Et vous trouvez ça drôle ?

kamtchatkaS009De cinq jours de traversée, nous passons rapidement à quinze jours sur le bateau. Et puis un matin, très tôt, le Kamtchatka est en vue ! Une baie, des volcans partout et le froid qui nous tombe dessus. Nous y sommes presque ! Il faut tout de même attendre encore quarante-huit heures pour accoster et décharger le navire. Que faire pendant ce temps ? Les marins pêchent des kilos de crabes géants et j’assiste, impuissante, à la métamorphose de Marc. Il est encore plus excité qu’un gamin en overdose de sucrerie, le tout un matin de Noël. À chaque fois que je le croise, une patte de crabes sort de sa bouche et il a des yeux de fous. Au fur et à mesure que la journée avance, il fait des bonds, est agité de tremblements nerveux. En fin de journée, il pue le crabe qui lui barbouille la figure et il commence à faire des bulles. Il ne peut plus s’arrêter d’en ingurgiter. C’est un spectacle effrayant! Impossible de le raisonner. Et puis, il se couche enfin en avouant : « Je me sens pas très bien, je crois que j’ai mangé un peu trop de crabes ». C’est sûr que le quinzième était sans doute de trop.

kamtchatkaS008L’Isbamobile pose la première ses roues sur le sol du Kamtchatka. Il neige ce jour-là et nous avons décidément raté l’automne ici. Mais peu importe, nous y sommes ! En route pour un mois d’aventures sur cette presqu’île tant attendue. Sera-t-elle à la hauteur de nos rêves ?

 

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