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Kerguelen

En route pour les Terres Australes Françaises

L’archipel Crozet, l’archipel Kerguelen et les îles de Saint-Paul et Amsterdam font partie avec la Terre Adélie en Antarctique des Terres Australes et Antarctique Françaises. Ce Territoire d’outre-mer ne possède pas d’habitants permanents. Seuls quelques militaires et scientifiques vivent dans des bases pour y assurer la souveraineté française et réaliser différents programmes de recherche. Quatre fois par an, le Marion Dufresne II part pour ravitailler ses bases du bout du monde. Il offre à 12 touristes, parfois plus, d’embarquer pour une croisière inoubliable, aux confins de l’océan Indien, à la rencontre des manchots royaux, des éléphants de mer, des otaries et autres albatros géants.

Texte et photos : Marc Mellet

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Mercredi 19 juillet 2000 :

Il est 17 h 30 lorsque le Marion Dufresne lâche les amarres. Le port marchand de La Réunion d’où nous partons trahit la réalité de cette croisière particulière. Une cinquantaine de personnes s’affairent sur le pont tandis qu’ils ne sont pas plus d’une trentaine sur le quai. Pourtant, l’émotion est à son comble. Certains de nos passagers ne reverront pas La Réunion avant seize mois et leur famille est présente pour prolonger les derniers instants. À l’intérieur, l’attribution des cabines n’est pas encore terminée. Si bien que sitôt passé le port, les gens rentrent pour prendre possession du lieu où nous passerons le mois. L’hélicoptère qui n’a pas le droit de se poser sur un bateau à quai nous rejoint avec à son bord le pilote et son mécano. Certains d’entre nous restent sur le pont pour savourer l’air marin encore chaud de ces latitudes. Bientôt, il ne sera plus possible de sortir sans bonnet ni doudoune.

Jeudi 20 juillet :

Au petit matin, nous arrivons à l’ile Maurice, escale improvisée nécessaire pour le ravitaillement en gazole des cuves du bateau, celles du port de La Réunion étant vide. Mille sept cents mètres cubes seront chargés en dix heures. Temps pendant lequel nous aurons tout le plaisir d’arpenter les rues et le marché de St Louis. L’occasion pour nous de découvrir au port, les vieux rafiots sous pavillon panaméen qui servent à la pêche illicite dans la zone exclusive des Kerguelen. À 21 heures précises sonne le signal du départ. Cap au sud toute. Notre long voyage vers les îles australes commence enfin.

Vendredi 21 juillet :

Aujourd’hui, le thème principal pour chacun semble être l’exploration de ce navire pas comme les autres. La structure dissymétrique du château liée aux activités océanographiques a imposé de n’avoir qu’une coursive extérieure qui court à bâbord. Cela facilite les rencontres et c’est avec un grand plaisir que je découvre la richesse des gens qui sont à bord. Des scientifiques pour la plupart, mais pas seulement. Nous avons aussi des météorologues, une architecte, un aumônier, le sculpteur, l’administrateur supérieur des Taaf, un conseiller scientifique de l’IFRTP, un journaliste de France Inter et un médecin. Sans compter les membres de l’équipage, Bretons pour la plupart de l’état-major et Malgaches pour les journaliers. Dans les scientifiques le nombre des disciplines couvertes n’a d’égal que la qualité humaine de ces têtes bien faites. Leur enthousiasme à communiquer sur leurs travaux est la garantie de discussions passionnantes.

Les plus sensibles commencent à ressentir les premiers symptômes du mal de mer alors que sa surface est encore d’huile.

Samedi 22 juillet :

Dans la soirée, un événement qui a failli nous faire dérouter anime la passerelle. Le fait d’y être accepté en toutes circonstances nous a permis de suivre tout le déroulement de la scène. Le Cosru, organisme d’organisation des secours en mer, a demandé au Commandant Foubert si notre médecin pouvait porter secours à un pêcheur qui s’est sectionné deux doigts dans une porte. D’abord par radio et physiquement si nécessaire. L’origine panaméenne de ce palangrier ne cache rien de ses intentions de pêche illégale, mais la loi de la mer oblige à porter assistance à tout navire en détresse. Le suréquipement du Marion Dufresne implique qu’il est souvent sollicité dans ces mers où l’éloignement des terres les plus proches nécessite plusieurs jours de navigation pour trouver un médecin. Pour cette occasion, le médecin est seul maître à bord, mais les conséquences d’un déroutement seraient une catastrophe pour la mission et nous feraient prendre plus d’une semaine de retard. Après deux heures de discussion avec le bateau de pêche, le médecin lâche son verdict : « Le temps que les bateaux se rencontrent, il sera trop tard pour sauver les doigts du malheureux pêcheur et le bateau de pêche possède les antibiotiques nécessaires à le maintenir dans un état stable. Par conséquent, nous gardons notre cap ». À ces mots, l’ensemble de la passerelle pousse un cri de soulagement.

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Lundi 24 juillet :

Voilà quatre jours que notre vie à bord est rythmée par les mesures océanographiques du programme OISO. Nicolas Metzl, le responsable CNRS de ce projet, nous a présenté son activité dès le premier jour de mer. Nous y avons appris que l’océan est un régulateur très important de la teneur en CO2 de l’atmosphère. Que grâce à lui, l’augmentation de cette teneur dans l’air, générant « l’effet de serre » croît moins rapidement que l’augmentation des rejets de CO2 par les industries lourdes. Le programme OISO a pour objectif de mesurer deux fois l’an, la teneur en CO2 de l’océan Indien à des profondeurs différentes en des points précis sur le parcours du Marion Dufresne lors de ses missions de ravitaillement. Ces données, associées à d’autres, permettront peut-être une modélisation du cycle des échanges de carbone entre l’air et l’eau à l’échelle de la planète. Toutes les douze heures en moyenne, le bateau s’arrête pour effectuer les analyses et l’équipe de dix personnes se met en place. Une rosette est mise à la mer et effectue une descente à 1000 mètres pour y faire des prélèvements d’eau tous les 100 mètres. L’occasion pour nous de boire, selon les dires de Nicolas, une eau vieille de 2000 ans voire plus selon la profondeur.

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Mardi 25 juillet :

« Terre, terre ». Au petit matin, ce cri résonne dans les coursives. Un distrait qui n’a pas compris que pour ne rien risquer au mouillage nous approchons de l’île de La Possession dans l’archipel de Crozet au petit matin alors que nous avons en vue ce gros rocher volcanique de 140 km2 depuis le milieu de la nuit. À 7 h, dans un brouillard digne d’un film de pirates nous apercevons difficilement les quelques lumières de la base Alfred Faure qui sert de refuge à vingt-deux personnes, dont une dizaine de scientifiques. Pourtant tout est prêt pour les opérations de débarquement. L’hélicoptère est sur le pont arrière et les barges n’attendent que les ordres du commandant pour prendre la mer. Le premier voyage concerne les sacs postaux. En effet, la philatélie des Taaf est très réputée auprès des collectionneurs qui cherchent tous à obtenir les tampons caractéristiques des missions. La gérance postale de la base ne va pas cesser de travailler sur ce courrier au sein duquel celui des hivernants ne représente qu’une infime partie. Cependant, la priorité leur est réservée puisqu’ils n’ont que deux jours pour répondre. Deux jours pendant lesquels l’organisation de la base est modifiée. Chacun devenant manutentionnaire, coordinateur ou encore logisticien.

Terres-australes et antartiques françaisesKERGUELEN-MELLET016J’embarque en hélicoptère pour la deuxième rotation avec l’administrateur supérieur, François Garde. La joie des visages qui nous accueillent en dit long sur le plaisir de voir des têtes nouvelles. Le Marion n’était pas passé depuis le mois de mars. Le chef de district nous invite à prendre un verre dans le réfectoire et nous confie à Géraldine Mabille pour une visite de la base qui ressemble à une station de ski en été. Cette jeune ornithologue nous apprend qu’elle pose des balises Argos miniatures sur les grands albatros (3,5 m d’envergure) pour identifier leur zone de pêche et que dans l’après-midi elle ira peser quelques poussins encore sur leur nid. Rendez-vous est pris, mais pour l’heure nous avons à visiter la manchotière. De loin, nous avions bien aperçu quelques milliers de points blancs, mais c’est une fois dedans que l’on se rend compte du nombre impressionnant de manchots royaux qui la compose, pas loin de 25 000. Les cris des poussins encore duveteux couvrent à peine ceux des parents dans un capharnaüm sonore indescriptible. Le spectacle est à la fois drôle et attendrissant. Nous nous prenons au jeu et essayons de comprendre les interactions sociales entre les individus. Parallèlement, notre guide nous apprend à reconnaître les gorfous sauteurs, les pétrels, les skuas et tant d’autres animaux du grand sud.

À la veillée, les langues se délient et certains hivernants sont vraiment heureux de partager ces quelques instants avec des caractères différents de ceux qu’ils connaissent si bien.

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Vendredi 28 juillet :

Hier, nous avons repris la mer et nos habitudes sur le Marion Dufresne. La timonerie est toujours notre lieu de ralliement. Nous commentons notre visite de Crozet, étonnés encore par la qualité de l’accueil de ces naufragés volontaires. Pourtant, il nous manque quelque chose. Nous espérions l’Aventure, celle racontée dans les récits du XVIII° siècle, et nous nous trouvons dans un luxe peut-être trop abondant. Cependant, la mer va nous rappeler à l’ordre par l’intermédiaire d’une tempête comme elle sait si bien le faire dans l’océan Indien. Les 40° hurlants et 50° rugissants justifiant alors pleinement leur nom. La tenue du bateau, conçu pour ces mers-là, est irréprochable. Afin de limiter le roulis, le commandant a décidé de modifier notre cap pour prendre la houle de face. La tempête ne nous quittera pas des deux jours qui suivront. La seule conséquence aura été une interruption des prélèvements OISO et une rarification des convives au moment des repas.

Dimanche 30 juillet :

Au petit matin, nous arrivons à Kerguelen. Le pont est couvert de neige, mais le temps semble clément. Le vent est important. Dans le golfe du Morbihan, nous apercevons les grands bâtiments rouillés et les préfabriqués de la base de Port-aux-Français, beaucoup plus étendue que celle de Crozet. À notre sortie de l’hélicoptère, des vahinés nous accueillent avec des colliers d’emballages en guise de fleurs. Ce sont en fait les Vat (volontaires à l’aide technique) qui se défoulent, trop heureux d’avoir des nouveaux compagnons de jeu. La présence de voitures, malgré la taille du réseau routier de 4 km, rappelle que nous sommes dans la capitale des Taaf. En ce moment, en plein hiver austral, 56 personnes vivent sur l’île. Sitôt installés dans les préfabriqués qui nous servent de dortoir, nous avons rendez-vous chez « Totoche », la buvette locale, pour un premier pot de bienvenue. Les présentations sont vite faites. Pendant ce temps, les opérations de débarquement battent leur plein. Lorsqu’elles seront terminées, le Marion doit partir cinq jours pour effectuer des mesures OISO plus au sud, vers les 60° parallèles. Nous allons donc rester sept jours entiers sur la base.

En un éclair, le ciel passe du bleu au gris, puis il se met à neiger. « La neige ne tombe pas, elle passe » souligne un hivernant heureux d’engager la conversation. « Ne vous inquiétez pas cela va changer, même s’il est rare d’avoir du beau temps toute la journée, il est rare de ne pas voir le soleil au moins une fois par jour. Ici, le vent dépasse les 100 km/h plus de 80 jours par an, tout change très vite ». Renchérit-il. Nous apprendrons qu’il est météorologue et que les mesures effectuées sur la base permettent d’aider les prévisions météo des Australiens. Il nous invite à suivre le lâcher de ballon-sonde de 15 h 30, mais avant nous entamons la visite des bâtiments scientifiques. Sismologie, rayonnement et magnétisme terrestre, biologie marine, botanique, génétique, la palette des expérimentations scientifiques est très importante. Le CNES a même installé une base de suivi de satellites à l’écart des installations communes. L’endroit est impressionnant et l’on y entend converser les techniciens avec ceux du centre de Toulouse, 13 000 kilomètres plus loin, comme s’ils étaient à 100 mètres. Avec les satellites, les communications ne sont plus un problème. L’isolement est ainsi faussement rompu.

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Au deuxième jour, nous décidons d’aller à Val Studer, une cabane comme il en existe une trentaine sur tout Kerguelen. Elles servent de refuges lors des « manies » des scientifiques. Nous décidons de longer le golfe du Morbihan pour rencontrer quelques éléphants de mer. Seul un couple se trouve encore sur la plage. En été, ils auraient été plus d’une centaine. Nous arrivons à Val Studer après cinq heures de marche tranquille au milieu de cette terre noire d’origine volcanique. Le spectacle est saisissant. La cabane n’est en fait qu’un container équipé d’un chauffage et d’une table. Les lits sont confortables, mais sans commune mesure avec ceux des chalets prévus pour les touristes à Ratmanoff et Port Jeanne d’Arc.

Au petit matin, une surprise de taille nous attend. Il a neigé toute la nuit et la terre noire de la veille est maintenant maculée d’une épaisse couche de neige fraîche. Nous préférons attendre une accalmie pour prendre la route du retour. Nous informons aussitôt les gens de la base par radio. Les prévisions météo ne sont pas bonnes, ils nous conseillent de revenir au plus vite. Sous la tempête nous avançons difficilement. Par chance le vent pousse fort, mais dans notre dos. Rassurés de savoir la base assez proche, nous sommes tous heureux de vivre cette aventure. Nous aurons des choses à raconter à nos proches.

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Vendredi 4 août :

« Il y a des tempêtes de ce type seulement une à deux fois dans l’année » s’excuse le disker (chaque base utilise un vocabulaire codé ; ici : chef de district de Kerguelen). Pour nous, l’impossibilité de bouger est un bon moyen de s’intégrer à la vie de la base. Chaque jour, un scientifique nous invite dans son labo pour une présentation in vivo de son activité quotidienne. Nous n’avons pas le temps de nous ennuyer. Les séances nocturnes de « Cinéker » font un tabac. La radio a confirmé que le Marion sera de retour le lendemain pour 14 heures.

Samedi 5 août :

Ce matin, le ciel est bleu. Comme si le Marion nous ramenait le beau temps. Conscient que nous avons été limités par la météo, l’administrateur supérieur propose de nous faire faire une visite du golfe du Morbihan en hélicoptère. Nous sommes fous de joie. Le panorama est extraordinaire. Vu d’en haut la désolation n’est plus que beauté des formes et richesse des couleurs. Nous survolons aussi Port Jeanne d’Arc, l’ancienne station baleinière abandonnée en 1929.

KERGUELEN-MELLET020Le Marion arrive à 14 heures précises et nous assistons à une scène qui nous déchire le cœur : le départ de certains hivernants en larmes. Ce spectacle en dit long sur l’attachement des hommes à cette terre. Nous quittons « Ker » le cœur en peine vers 15 heures.

Mardi 8 août :

Voici trois jours que la mer se déchaîne. Hier, le vent a atteint force 12. Nous avons dû nous mettre à la cap dans la direction opposée à notre route pour limiter les risques d’abîmer le bateau. Cela n’a pas empêché le commandant d’honorer les philatélistes. Comme avant chaque escale, nous avons été appelés à la passerelle pour une séance de tamponnage en ligne du courrier posté à bord. L’occasion de repartir avec un diplôme de tamponneur émérite signé par le commandant Foubert.

Mercredi 9 août :

La vérification des opérations de dératisation impose un bref arrêt sur l’île St Paul. Ce cratère immergé abrite une colonie de langoustes que les armateurs réunionnais exploitent. Nous y découvrons des otaries par centaines et une colonie de gorfous sauteurs. Le look de ces derniers ne manque pas de nous rappeler les personnages du film « Greemlins ».

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Jeudi 10 août :

Notre arrivée à Amsterdam est très étrange. Comparée aux autres îles, celle-ci ressemble à un petit paradis. Il y a des fleurs, de l’herbe, des arbres, les bruits ne sont plus couverts par le vent et la température est plutôt clémente pour le mois le plus rigoureux de l’hiver. Vingt-sept personnes s’accrochent à ce rocher de sept kilomètres de diamètre. Paradoxalement, l’isolement est ici beaucoup plus prononcé qu’ailleurs : les bateaux de pêche ne s’arrêtent pas comme à Crozet où à Kerguelen. L’île est constamment balayée par la houle et il n’y a pas d’endroit pour accoster hormis une ancienne coulée de lave qui se jette dans la mer.

Pour nous accueillir, le cuisinier a ouvert pas moins de 550 langoustes. Un vrai régal pour les yeux et pour les papilles. Sur ces deux jours, nous avons dégusté de la langouste sous toutes ses formes : nature, braisée, en papillote, en sauce…

Nous visitons le bois de phylicas, le cratère Antonneli, pointe Bénédicte où l’on prélève l’air qui se dit être le plus pur du monde (il sert d’étalon pour les laboratoires américains et français). Notre visite parmi les bébés otaries avec Murielle Ghesten, futur ingénieur Eaux et forêts, est un moment des plus attendrissants. Je profite de la relative bonne température de l’eau pour me baigner avec les otaries qui se révèlent être d’une complicité extrême lorsqu’elles sont dans leur élément.

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Mercredi 16 août :

Le barbecue sur l’arrière du bateau sonne le glas de cette traversée. Demain nous serons à La Réunion. La nostalgie nous guette déjà puisque certains d’entre nous sont sur le pont arrière, cheveux au vent, le regard vide. Comme s’il était encore possible d’apercevoir un bout d’île après cinq jours de mer. Notre principale activité aura été le badminton et le tennis dans les cales, désormais vides. Notre lecture ne concerne plus les récits d’aventures, mais les quelques ouvrages se rapportant aux îles que l’on trouve dans la coopérative et que nous n’avons pas encore lus.

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Jeudi 17 août :

Le débarquement au port des Galets se traduit par un fourmillement pendant une demi-heure puis… personne. À quai, après s’être si bien battu en mer, le Marion perd de sa splendeur. J’ai obtenu l’autorisation de dormir une nuit de plus sur le bateau. L’occasion d’une dernière visite de cette Calypso de luxe avant de prendre mon vol pour Paris. La nouvelle équipe de scientifiques est déjà en place avant un départ pour l’Australie le lendemain. Le Marion est déjà prêt pour de nouvelles aventures. Il me manque déjà.

Le Marion-Dufresne II, Rolls-Royce scientifique et 4×4 des mers australes.

 À la fois cargo ravitailleur pour les Terres Australes et Antarctique Françaises (Taaf), porte-conteneurs, paquebot, pétrolier, porte-hélicoptère et navire de recherche scientifique et océanographique de l’Institut pour la Recherche et la Technologie Polaire (IFRTP), le Marion Dufresne II est un véritable navire-caméléon. Successeur du Marion Dufresne I vendu en 1995 après 23 ans de service, le MDII représente l’aboutissement de la technologie actuelle en matière d’équipement. Paradoxalement ce qui fait son originalité est peut-être son manque de spécificité au sens où aucune option extrême n’a été retenue qui n’aurait pas manqué de pénaliser d’autres utilisations. La motorisation diesel électrique autorise le positionnement dynamique et satisfait aussi au faible niveau de bruit et de vibrations nécessaire à la bonne qualité d’émission et d’écoute des équipements scientifiques embarqués. Les missions océanographiques couvrent un éventail très large d’activités allant du carottage au dragage en passant par la sismique, la bathymétrie (sondeur multifaisceaux) et tous les prélèvements divers (bathysondes, filets à plancton, pièges à sédiments…) en passant par la pose d’instruments d’écoute pour la surveillance des essais nucléaires.

Le MDII est le navire de la CMA-CGM qui effectue le plus grand nombre annuel de journées à la mer avec le plus petit nombre de jours d’escale (la répartition du temps alloué est de 135 jours pour les Taaf et 230 jours pour L’IFRTP). L’isolement dans lequel se trouve le bateau dans les mers australes a imposé de doubler ou tripler tous les auxiliaires. Un hôpital équipé pour des interventions chirurgicales permet parfois au médecin du bord de porter assistance aux marins des bateaux de pêche qui travaillent dans la zone.

Informations recueillies auprès du commandant Gilles Foubert.

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Fiche technique

Navire polyvalent, longueur 120 m, largeur 20 m, tirant d’eau 7 m, jauge brute : 8700 tx, propulsion diesel-électrique : 2×3000 w, Vitesse de croisière : 16 nœuds, autonomie : 2 mois, capacité d’accueil : 110 passagers dans 59 cabines, un hôpital, une salle à manger de 62 places, une salle de sport, une bibliothèque, une salle de conférence, une salle vidéo, un bar, plusieurs laboratoires scientifiques et salles informatiques.

Capitaine Marion Dufresne

Marc Joseph Marion Dufresne, Capitaine de Brûlot, né en 1729, est officier de la Compagnie des Indes lorsqu’il est chargé de ramener à Tahiti le « sauvage » Aoutourou que Bougainville avait conduit à Versailles en 1769 pour le présenter à la cour du Roi de France et à la société parisienne. Il part de l’île de France (ile Maurice) avec deux bateaux, le Mascarin et le Marquis de Castries en 1771, mais Aoutourou meurt peu après et, l’objet de leur mission étant caduc, il décide avec son second Julien Crozet d’aller reconnaître le continent austral, la « Terra Australis Incognita » censée alors faire pendant aux terres émergées de l’hémisphère nord. Les deux bateaux ne reviendront à l’ile de France qu’un an plus tard, en mai 1773 après avoir découvert les îles Marion et Prince Edward ainsi que l’archipel Crozet, mais Marion Dufresne et douze de ses hommes furent massacrés par des indigènes en juin 1772 en Nouvelle-Zélande.

Historique sur Kerguelen

         En 1772, le chevalier breton Yves de Kerguelen et le capitaine Marion-Dufresne découvrent « une continuation de terres noires et grises » alors qu’ils étaient en quête de la mythique « terre de Gonneville », un eldorado situé dans l’hémisphère sud découvert un siècle auparavant par un gentilhomme normand. À son retour, Kerguelen sera adulé par les scientifiques et les émissaires du roi qui lui firent entrevoir qu’il avait atteint ce but. Trois ans plus tard, Louis XV, croyant lui faire plaisir, l’invite à continuer l’exploration de cette terre aussitôt baptisée « Australasie » et ainsi à repartir. Mais le marin breton n’avait nullement l’envie de reprendre la mer et négligera tout des préparatifs et du déroulement de l’expédition. Il ne posera même pas pied sur cet archipel qui ne sera jamais un joyau de la couronne de par son éloignement et la rigueur de son climat. À son retour à Brest, Kerguelen sera arrêté, dégradé et emprisonné pendant trois ans pour trahison.

Votre carnet de bord

Le Marion Dufresne II effectue quatre rotations logistiques par an : en avril, juillet, novembre et décembre. Les rotations étant d’abord prévues pour le ravitaillement en tous domaines des Terres Australes Françaises, les dates précises ne sont pas encore connues. Attention, les 12 cabines disponibles pour le tourisme doivent être réservées longtemps à l’avance. Le départ du Marion a lieu du port des Galets à La Réunion. Attention, en juillet la mer est beaucoup plus agitée et les animaux moins nombreux.

Visas

La Réunion et les Terres Australes n’étant des territoires français aucun visa n’est nécessaires. Une simple carte d’identité suffit. Toutefois, il est recommandé d’emmener son passeport qui sera tamponné par chaque chef de district lors de votre visite sur les îles.

Vaccin

Aucun vaccin n’est nécessaire. Une visite médicale complète est imposée avant le départ. Le résultat de cette visite sera communiqué au médecin principal des Taaf. Visite dentaire conseillée également.

Monnaie

Le franc français est de vigueur à La Réunion et sur tout le territoire. Sur le bateau un système de bon d’échange vous permet de ne sortir votre chéquier ou du liquide que le dernier jour de la rotation. Pour les bases, il est conseillé d’avoir un peu de liquide pour acheter des timbres et des boissons.

 Achats

Sur le bateau une coopérative propose le minimum vital (brosse à dents, savon, lessive, pellicules photo, piles…) ainsi que tout ce qui se rapproche au Taaf (livres, timbres, enveloppes, T-shirt….). Vous trouverez à peu près les mêmes produits dans les coopératives des bases.

Les cabines

Les cabines se répartissent sur quatre niveaux et toutes donnent largement sur l’extérieur par des baies vitrées qui ne s’ouvrent pas. Sans être d’un luxe extraordinaire, elles offrent un bon confort. Chacune possède une salle de bain-WC ainsi que suffisamment de rangement pour deux. Il y a un grand lit ainsi qu’une bannette suspendue. La bannette s’avère plus confortable lorsque la mer grossit, car elle est disposée dans le sens du roulis. Chaque cabine possède la radio et le téléphone pour les communications internes.

 La restauration

Le service se fait en deux fois dans la salle de restaurant mitoyenne au forum, lieu d’échange et de détente. Un effort particulier est effectué sur la nourriture qui est tout bonnement excellente. On se rappelle tous des 550 langoustes ouvertes à Amsterdam où encore le barbecue sur le pont arrière, l’avant dernier jour. Pour ceux qui veulent un peu plus d’exotisme et d’épices, il est possible de demander à manger avec les journaliers malgaches au pont inférieur. Tous les repas sont pris en commun entre passagers et état-major. Eau, vin rosé, vin rouge, fromage et desserts sont proposés à chaque repas.

Hélicoptère

Possibilité de louer l’hélicoptère pour des balades privés.

 KERGUELEN-MELLET018Pratique

Électricité : courant alternatif 220 V, prises françaises.

Fumeurs : pas de restriction

Habillement : tenue décontractée toute la journée.

Buanderie : avec machine à laver, à sécher et tables de repassage en accès libre. Possibilité d’acheter de la lessive à la coopérative.

Téléphone : il est possible téléphoner ou de passer des fax via une liaison satellite. Prix assez élevés de l’ordre de 25 frs la minute ou la page.

Animaux : non admis

Achat hors taxe : tous les achats sont hors taxe (fiscalité particulière de ce territoire d’outre-mer). Possibilités d’acheter des bouteilles d’alcool et des cigarettes comme dans un dutty free (prix vraiment attractifs).

Bar : conséquence des prix hors taxes, les consommations au bar sont à un prix dérisoires. Exemple : whisky environ 3,50 frs, coca environ 3,00.

Médecin : consultation gratuite du médecin deux heures par jour

 La flotte

Le groupe CMA-CGM arme plus de 70 bateaux. Il est possible d’embarquer sur plusieurs de ses navires cargo. Renseignez-vous auprès de Mer et Voyage (voir ci-après).

 Où se renseigner

Mer et Voyages

e-mail : mer.et.voyage@wanadoo.fr

www.meretvoyages.com