Avec les trapeurs de Sibérie
Nous partons pour un week-end avec Micha et Ivan, deux trappeurs de la région de Tynda. Après quelques trentaines de kilomètres d’un chemin qui sillonne la forêt, nous atteignons la cabane en bois qui leur sert de campement. À peine arrivés, que la nourriture et la vodka sont déjà de sortie. A onze heures du matin, l’entrée en matière est chaleureuse, mais un peu rude.
Pendant que nos chasseurs partent relever leurs pièges, je tente de dissiper les vapeurs de l’alcool en préparant le repas du soir. Au menu, viande d’élan mijotée quelques heures sur le poêle. Micha rentre de sa tournée d’inspection, une zibeline congelée à la main. Il nous prête sa Boural pour faire un tour. Faire de la motoneige russe dans les forêts sibériennes a quelque chose de grisant, à moins qu’il ne s’agisse des restes de vodka.
Mon visage se fige rapidement, presqu’aussi vite que la vodka ne gèle par grand froid. Ivan m’affirme néanmoins très sérieusement : « Maintenant c’est le printemps, il ne fait que -40°C, c’est chaud! » « Et froid, c’est quoi? » « À partir de -45°C ». Il admet lui-même en riant que la nuance est infime. Micha nous raconte que cet hiver, au matin, le thermomètre avait indiqué jusqu’à – 55°C. Il avait décidé de ne pas sortir, de peur de se geler le nez, les yeux et les joues. Bref, une charmante contrée où, étonnement, peu de gens vivent.