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10/13 – Ulan Bator, 207ème jour, le second souffle.

Ulan Bator, 207ème jour, le second souffle.

Après 69 jours en Chine, me voici de retour en Mongolie. Au rythme où vont les choses, je ne sais pas quand je vais pouvoir reprendre la route, car je n’arrive pas à prendre la cadence nécessaire pour installer le matériel ramené de Chine et permettre à l’auto de survivre au froid. À dire vrai, après déjà dix jours ici, je prends de plus en plus conscience de la hauteur du défi et je profite pleinement de ces derniers instants de confort.

Des presque deux mois et demi passés en Chine, je garderais le souvenir des bons moments passés en compagnie de Pascale et Charlie dans leur superbe maison pékinoise. La vision que j’ai pu avoir de la Chine reste essentiellement celle d’une capitale en pleine effervescence où la consommation règne en maître absolu. Pour en savoir plus sur la Chine, il me faudra revenir. Je n’oublie pas que le projet initial était d’y passer dix jours début septembre pour y saluer Tatiana, Pascale et Charlie. On verra bien comment se passe le retour, mais je ne m’interdis pas d’y revenir pour y faire un tour en side-car. L’achat et la revente en fin de périple rendraient négligeable le coût d’un tel outil de découverte. À suivre, mais il m’est impossible de ne pas esquisser en permanence de nouveaux itinéraires pour des voyages futurs.

L’arrivée de Quentin venu passer les fêtes à Pékin et du dernier colis marquait le signal de retour en Mongolie. Il aura fallu cinq vols pour permettre d’acheminer tout le matériel nécessaire à la poursuite de cette aventure. Un grand merci donc à Charlie, Frédérique, Florian, Quentin et bien sûr Martine, ma sœur qui a assuré le relais chocolaté à Paris. J’ai donc repris le Transmongolien avec 110 kilos de bagage après avoir passé le Noël avec Pascale, Charlie, Quentin, Marie la mère de Pascale et les deux enfants de Charlie : Rémi et Gaspard. La saveur du foie gras maison de Marie résonne encore dans mon estomac.

J’ai retrouvé l’Isbamobile dans la grange où je l’avais laissée avec Chuka. Son frère m’a aidé à la retrouver, car je n’avais aucune idée de l’endroit où elle était dans le quartier des yourtes. Le temps de rebrancher les batteries, un tour de clef et voilà le moteur qui vombrissait déjà. Pas rancunière la bête.

Il n’en sera pas de même lors de la première nuit passée dehors. Ici, il fait environ –15 °C la journée et entre –20 et –30 °C la nuit. Si cela est très supportable pour les hommes, il n’en est déjà pas de même pour la voiture qui n’est pas encore équipée. La paraffine contenue dans le mélange gasoil d’été et gasoil d’hiver des réservoirs colmatera les filtres en moins de temps qu’il en faut pour l’écrire. Je découvre ainsi en direct ce pour quoi le matériel que j’ai rapporté est destiné. Cette première expérience me met aussi en face d’évènements ou tous mes repères sont chamboulés. Déjà par moins 20 °C, les tuyaux en caoutchouc cassent comme du verre, mes chaussures en cuir sont impossibles à enfiler et me détruisent les pieds, toutes les bouteilles de gaz sont gelées, lingettes pour bébé et dentifrices sont dures comme du béton et il est impossible de se réhydrater, car toutes bouteilles sont des blocs de glace. Il me faut alors trouver une solution pour réchauffer le réservoir principal. J’ai eu beau acheter plusieurs types de réchauds à essence, il n’est pas facile de comprendre leur fonctionnement sans pour autant mettre le feu à la voiture. L’équilibre n’est pas facile à trouver, mais en changeant les filtres, j’ai pu partir à la recherche du matériel manquant ainsi que d’un espace chauffé où je pourrais entreprendre les travaux.

Le temps d’organiser l’auto et par souci d’humanité, j’ai préféré dormir en guest house les quatre premiers jours. L’ambiance familiale qui y règne m’a fait grand plaisir et je regrette de n’avoir utilisé plus souvent ce moyen de rencontre. Il est toujours intéressant de se retrouver entre voyageurs et de confronter différents moyens de voyager. Certes pour beaucoup, j’apparais comme un nanti.

Depuis, j’ai intégré l’appartement de Christophe et Michel, deux copains français, patrons d’un club privé : l’Oasis. J’ai d’abord passé les nuits de la première semaine à faire la fermeture puis il m’a fallu trois jours pleins pour me remettre du Premier de l’an. Il est vrai que le Mongol des villes est un clubber averti et qu’il est bien différent des Mongols des champs. Ma préférence allant assurément à ceux de la campagne.

Il règne en ville un niveau de violence latente qui est très palpable. Le Mongol est plutôt du type on-off et il n’en faut pas beaucoup pour qu’il s’exprime avec ses poings. Surtout lorsqu’il est imbibé de vodka. Faut-il rappeler que le sport national est la lutte ?

En trente minutes au black market, le grand marché à ciel ouvert, trois équipes différentes ont essayé de me faire les poches et une petite partie du matériel qui se trouvait sur le toit a disparu. Cent cinquante euros de perdus.

Si la vie est bien douce à l’appart, il me tarde de reprendre la route même si je sais déjà que ce ne sera pas de tout repos. Pour la première fois depuis le départ, il y a maintenant presque sept mois, j’ai une boule au ventre qui m’oblige à doubler l’attention que je porte à tout ce que je fais. C’est sûr, il s’agit désormais d’une expédition. Peut-être est-ce là la vraie définition de ce mot trop souvent galvaudé ? Ce qui expliquerait aussi que ce mot est utilisé à tort et à travers en fonction du niveau de sensibilité face à l’inconnu de celui qui en parle.

Au niveau financier, ce n’est pas encore la joie, mais le séjour à Pékin m’a permis d’envoyer des articles pour les mois à venir et de stabiliser la situation.

Il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une belle et heureuse année 2007. En espérant que ce sera celle de l’accomplissement de vos rêves les plus profonds. Quand bien même soient-ils les plus fous.

Pleins de belles choses

Marc