L’histoire d’un rendez-vous manqué
En décidant de rejoindre le Kamtchatka, nous avions bien sûr pour ambition de pouvoir apercevoir des ours. La péninsule n’abrite pas moins de seize mille ours bruns, c’est-à-dire une des densités de population les plus forte du monde.
Quand nous arrivons là-bas, la neige a fait son apparition. C’est déjà le début de l’hiver. Sommes-nous arrivés trop tard ? L’ours est-il déjà entré en hibernation ? Dans les forêts et dans la neige, des traces de pas fraiches sont cependant omniprésentes. Nous reprenons espoir et scrutons le paysage, parfois un peu aux dépends de la route. Chaque habitant nous demande invariablement : « Avez-vous vu des ours ? ». Nous sommes d’autant plus énervés qu’ils paraissent toujours très surpris de notre réponse négative. Notre méthode d’approche serait-elle mauvaise ? Les conseils des russes à ce sujet sont totalement contradictoires : « C’est en voiture que vous en verrez le plus » « C’est à pied qu’il faut s’approcher » « Ils sortent le matin » « Ils traversent les routes la nuit ». Nous allons tout essayer. Nous tentons ainsi la méthode de la surprise en voiture, puis l’approche furtive et silencieuse à pied. Nous essayons à l’aube, en journée, de nuit. Rien ! Pas un ours à l’horizon.
Pire encore et c’est un comble, nous avons la preuve que les ours nous narguent ! A peine Le temps d’aller faire quelques photos et des empreintes de pas témoignent qu’un ours vient juste de passer sur nos propres traces. Notre quête se solde par un échec. Dans un magasin de souvenir avant de quitter le Kamtchatka, une jeune femme nous pose l’invariable question : « Avez-vous vu des ours ? ». Nous levons les yeux au ciel : « Non et vous ? ». « Moi non plus je n’en ai jamais vu » : avoue-t-elle. L’ours du Kamtchatka ne serait-il qu’une légende ou un attrape touriste? Les habitants du Kamtchatka qui prétendent en voir par trentaine ne seraient-ils pas un peu les marseillais de la Russie ?